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Dans le secteur secondaire, le type d'entreprise le plus connu est la production de masse :  textile, automobile, produits de grandes consommations. Cette industrie s'inspire principalement des travaux et avancées techniques japonaises des années 60 et 70. Pourquoi ?

Pour y répondre, remontons d'abord à l'origine du type masse.

Henry Ford invente la chaîne d’assemblage de la Ford T en 1913. Le temps de montage est divisé par 8 par rapport à une fabrication de type artisanal. “Je souhaite construire une automobile pour le plus grand nombre !” dit-il. L’entreprise de type masse est née !

L'organisation est inspirée du taylorisme basé sur la rationalisation des tâches et la standardisation des pièces.

Henry Ford. Chaîne de montage - Ford T - Source Wikipédia.

Mais l’aspect humain est totalement absent de l’organisation de production institué par Ford : interdiction des syndicats, travail monotone, pression sur les employés. D’où l’apparition d’un fort “turnover”.

La gestion de la production est de type MRP mis au point dans les années 1960.

 

Après guerre une organisation radicalement différente voit le jour, le Toyotisme, dont le principal instigateur est Taiichi Ohno, patron de Toyota. Il s’inspire lui même des écrits de Ford mais aussi de W. E. Deming.

Taiichi Ohno - Source Wikipedia.

Ainsi naît, à partir des années 1960, la politique du Juste à Temps et le système Kanban au Japon, l’organisation en flux tiré et l’objectif de stock 0. Pendant 30 ans le Japon surpasse l’industrie occidentale et impose son modèle de production dans le monde entier : le lean manufacturing ! (voir cours “amélioration continue”)

Pourquoi ce paradoxe économique ?

Comment un pays, archipel isolé du reste du monde, à peine plus grand que l’Italie, dix fois plus dense que les états unis, avec 80% de sol incultivable, produisant un mauvais charbon et très peu de pétrole, sans ressources minières (ils ne possèdent dans leur sol que 6 métaux sur les 30 nécessaires à l’industrie) et de plus soumis fréquemment  à des typhons et des séismes, a t-il pu en arriver là ? 

 

Je pense qu’une parenthèse de l’histoire des japonais et des origines du Toyotisme est essentiel si vous souhaitez comprendre l’esprit de cette révolution industrielle universelle.

Tout d’abord avant de parler de l’esprit industrieux japonais je vous propose une analogie entre l’agriculture millénaire du riz au Japon et leur méthode de production depuis 60 ans.

 

        Lumière entre les nuages.

Rizière au Japon - Source Japan Hoppers            Bocage normand - Source blog Vincent M.

 

Dans chaque rizière, chaque paysan japonais, chaque parcelle de riz a besoin d’un flux d’eau amont régulier et doit fournir le même en aval. Pas de stock, cela pourrirait les récoltes d’un côté et l’assécherait de l’autre. Une interdépendance des voisins, partenaires d’une même culture est donc un état de fait absolu. Cette description ne vous rappelle t-elle rien dans le système industriel ?

Maintenant observez, par comparaison, l’agriculture normande. Vous constatez à contrario une totale indépendance des paysans avec des bocages cernés par des haies ! Chacun chez soi !

Deux milles ans de culture dans les rizières d’un côté et dans les bocages de l’autre prédisposent à un esprit de partage d’une part et d’individualisme d’autre part..

De plus celui des japonais est structuré par 700 ans du pouvoir féodal des shoguns (seigneurs de guerre) très hiérarchisé et emprunt d’obéissance, de discipline et de prestige jusqu’au milieu du XIXème siècle. Puis les règnes des empereurs, considérés comme des demi-dieux, accentuent la croyance des japonais dans leur supériorité nationale. Au cours de la guerre leur esprit d’abnégation, leur courage et le respect de la hiérarchie en bref le “code samouraï” leur permet de surmonter les sacrifices, les lourdes pertes, la grande disproportion envers les alliés en terme de matériel militaire et la famine pendant l’occupation américaine. Cette volonté et cette morale les prédisposent au modèle de production créé chez Toyota. 

L’origine du Toyotisme

Imaginez après 1945, le sursaut d’un peuple sans ressources, anéanti moralement et matériellement (40% des infrastructures industrielles détruites), traumatisé par 2 bombes de destruction massive et atteint physiquement (5 millions de morts), capable d'accéder en 20 ans (1968) au rang de 2ème puissance économique mondiale !

source Wikipedia    source zdnet

On comprend immédiatement après ce bref et très incomplet aperçu que l’esprit, déjà intériorisé, d’appartenance à un tout, des japonais, leur sens de la cohésion, de la rigueur et du respect, leur permet de développer une gestion de production fondée sur les caractéristiques intrinsèques de leur pays : gaspillages totalement prohibés, stock minimum, “viser la perfection” , participation et communication à tous les niveaux hiérarchiques et enfin besoin d’améliorer sans cesse dans un esprit Kaïzen (implication de tous pour des améliorations pas à pas, simples et peu coûteuses).

Le toyotisme s’inspire de cet état d’esprit et élabore la méthode des cinq zéros :

Zéro délai :     c’est le juste à temps,

Zéro stock :     aucune surproduction et pas de surcoût de stockage,

Zéro papier :     le kanban permet un management visuel sans nécessité de papier,

Zéro défaut :     il faut éviter les coûts de SAV et respecter le cahier des charges du client,

Zéro panne :    indispensable pour servir les clients avec 0 stock ! Ce qui a incité les entreprises japonaises à mettre en place la TPM "total productiv maintenance".

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Publié par Alain MALLEGOL

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